24.3.11

Expression citoyenne : le projet avance



Nous vous avions parlé il y a quelques mois du projet de l'UFFEJ "Expression citoyenne", mené par Olivier Mitterrand, cinéaste, sur le thème de l'autorité.

Depuis la fin octobre 2010, un groupe de 19 jeunes s'est constitué. Ils ont entre 16 et 25 ans, et sont issus des ZUS de Gonesse, Villiers-le-Bel et Arnouville.
Une partie du groupe est impliquée dans un atelier de réalisation.
Avec le soutien du cinéaste, ils composent individuellement des séquences sensitives autour de la mise en espace de leur corps dans des situations qui les contraint à une forme de représentation d’eux-mêmes.
L’autre partie est préparée, à l’aide de jeux d’acteur et d’improvisations, à se libérer des regards et composer un espace de confrontation réaliste.

Ces deux ateliers, encadrés par Olivier Mitterrand accompagné de partenaires locaux, ont pour but de créer des conditions de rencontres afin de réaliser un court métrage, suite à une écriture et un montage intégrant des fragments visuels et sonores des différentes étapes de ce projet.
Ce documentaire fiction, nommé "Chassé-croisé", tisse son sujet dans le regard d'une jeunesse face à la question de "l'autorité".

LE FILM :

Des jeunes ont pour habitude de se retrouver dans un minibus stationné dans la cité de la Fauconnière à Gonesse. Dans ce véhicule, parfois à l’arrêt, parfois en mouvement, ils s’amusent, viennent oublier ou décharger leurs angoisses. Se trouvent mêlés l’insouciance de leur jeunesse - facette vivante et visible d’eux-mêmes ­- et leur regard sur un monde adulte, sur un lendemain qu’ils idéalisent, individuellement anxieux pourtant de ce qui les attend. Ils s’investissent dans l’instant présent, s’engageant physiquement dans le jeu et dans l’image que chacun construit naturellement. Avec exagération ou fausse exagération, certaines paroles vont devenir des enjeux d’action.

Leurs va-et-vient incessants entre le bus et d’autres occupations qui demeurent étrangères au spectateur, ainsi qu’un extérieur du bus perpétuellement flou à l’image procurent au hors champ son mystère. De cet extérieur, seuls figureront des moments de solitude et de questionnement, représentés par le montage d’extraits des séquences filmées lors de l’atelier de réalisation.

Qu’est-ce qui fait ici autorité ? Le réel que l’on se construit ou le réel que l’on fuit ? C’est dans le documentaire que l’on peut douter de la véracité d’un discours et dans la fiction qu’une action qui ne peut que mentir ne ment finalement pas. Les jeunes seront tels qu’ils sont dans leurs échanges et improvisations, mais l’action recherchée par le metteur en scène participera à la part fictionnelle du film.

Tout le film s’inscrit dans le minibus, cet espace fermé, restreint, qui oblige à une certaine contorsion du corps, qui provoque un désir de fuite, qui contraint la caméra à un rapport de force entre les moments posés et les accélérations mouvementées.


Loin des stéréotypes sur la banlieue, les jeunes en présence dans le film, âgés de 16 à 25 ans, certains lycéens d’autres déscolarisés, certains salariés d’autres chômeurs, révèlent une diversité culturelle, des sensibilités attachantes, une individualisation des styles. Loin d’être repliés complètement sur eux-mêmes, ils veulent participer au développement de notre société, loin d’un attachement unique à une identité territoriale, identité qu’on leur renvoie régulièrement et qui les enferme.

A l’issue d’une série de répétitions, le tournage du film prendra effet sur deux week-ends, en avril 2011. Il sera encadré par une équipe de techniciens professionnelle.

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